Après
un long voyage, nous sommes attendus à l’aéroport par une étudiante et deux
professeurs de la National University of Singapore (NUS) avant de rejoindre
d’autres étudiants, nos « buddies », pour un souper. Notre première
impression de Singapour se forme par ces odeurs, ces goûts, la chaleur
imposante et le contraste entre la verdure qui nous entoure et la modernité des
bâtiments.
Premier aperçu du campus
Nous
découvrons un campus immense, regroupant trois cités universitaires reliées
entre elles par un réseau de navettes gratuites. L’architecture fait honneur à
la réputation des buildings de cette ville-état.
Présentation de la formation en soins
infirmiers au sein de la National University of Singapore (NUS)
Vendredi
1er mars au matin, nous sommes accueillis par des étudiants en
soins infirmiers, un professeur, la directrice du Alice Lee Center for Nursing
Studies, nommé ainsi en l’honneur de la mère du généreux donateur qui a permis
à cet immense centre de voir le jour.
Nous
recevons un accueil chaleureux et très bien organisé. Nous découvrons le
programme prévu pour ces deux prochaines semaines. Une impressionnante
présentation de l’école nous permet de noter les premières différences entre le
système de formation suisse et singapourien que nous aurons l’occasion
d’aborder plus tard lors d’un repas entre étudiants des deux écoles respectives.
La qualité et la performance sont les « leitmotiv » de cette
présentation futuriste.
Après
une séance photo, nous nous retrouvons entre étudiants des Summer University de
Lausanne 2012 et Singapour 2013. Nous reprenons les opportunités offertes par
l’école qui nous ont fait rêver, telles que le « simulation center » ou
encore les possibilités pour eux de prendre part à un projet de santé
communautaire à l’étranger, principalement en Chine et en Indonésie. Ces
séjours à l’étranger sont décrits par les étudiants comme très difficiles à
obtenir. Effectivement, peu d’entres eux ont l’opportunité de vivre cette
expérience. Nous notons également que le programme singapourien se déroule en
trois années, suivi d’une année « honorifique » optionnelle qui se
concentre sur la recherche en soins infirmiers. En comparaison, le programme
suisse inclut ce domaine à ses deux dernières années de manière obligatoire. Ce
dernier point soulève chez nous plusieurs questions et remarques : Pourquoi
en Suisse avons-nous intégré la recherche au cursus de base du
Bachelor ? A Singapour, leur quatrième année leur permet de conduire une
recherche, alors qu’en Suisse, notre travail se concentre sur une revue de
littérature. Est-il judicieux de rajouter une année facultative pour se
sensibiliser à la recherche ? Quel est l’impact dans la pratique pour les
infirmières qui ont suivi cette quatrième année ? Quelles relations
entretiennent-elles entre elles ? Y-a-t-il des différences au niveau du
cahier des charges et au niveau salarial?
Nous
retrouvons l’importance de l’interdisciplinarité dans la formation
singapourienne. Cependant, nous sommes étonnés de constater que cette
collaboration interprofessionnelle ne comprend pas les mêmes champs
disciplinaires qu’en Suisse : les médecins, les infirmières, les
pharmaciens et les dentistes. En Suisse, nous avons remarqué une coopération
étroite avec les physiothérapeutes que nous n’avons pas retrouvé ici. Nous ne
manquerons pas de questionner et faire part de cette remarque lors des visites
des hôpitaux.
Les
étudiants en médecine et en soins infirmiers partagent le même campus. Nous
trouvons cela intéressant pour une bonne collaboration. Cependant, un projet de
réunification (toutes les formations de la santé sous une forme de pôle santé)
des lieux de formation est actuellement en cours à Lausanne, ce qui nous permet
d’espérer plus de communication interdisciplinaire pour le futur.
Lors
de discussion avec les étudiants de diverses années, nous devinons déjà une
forte hiérarchie médicale avec peu de place pour le rôle propre infirmier et la
notion de partenariat interprofessionnel que nous revendiquons.
Un
professeur de la NUS nous présente également un programme instauré depuis un an,
proposant à l’étudiant en première année de suivre un patient à domicile. Ce
projet a pour but de découvrir la réadaptation quotidienne après un problème de
santé aiguë ou durant une maladie chronique. Plusieurs jours plus tard, nous
avons rencontré une étudiante participant à ce programme. Elle nous informe que
seuls trente étudiants peuvent prendre part à ce projet pilote. A ce sujet,
elle ajoute qu’elle trouve intéressant de suivre un patient réel et de pouvoir
avoir un premier aperçu de la santé communautaire, domaine peu présent dans la
formation.
Nous
trouvons ce projet très intéressant. Il peut apporter une relation plus étroite
avec le patient, contribuer à développer la créativité de l’infirmière, permettre
une prise de conscience de l’impact d’une hospitalisation au long terme et une
vision holistique du patient. Cependant, nous nous interrogeons sur la charge
émotionnelle que peut susciter une telle prise en charge dès le début de la
formation. De plus, la « juste » distance professionnelle doit être
difficile à maintenir.
Durant
des moments d’échanges, nos collègues singapouriens s’étonnent de nos
avantages, comme la quantité et la qualité de nos stages. En effet, ils doivent
utiliser leur période de vacances pour faire leur stage. Ce dernier consiste davantage
à observer qu’à pratiquer. Par exemple, lors du premier stage, les soins
techniques se limitent à prendre les paramètres vitaux. Les injections et les prises
de sang ne sont pratiquées qu’en deuxième année, toujours sous supervision.
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