jeudi 7 mars 2013

Visites du NUH et du Tan Tock Seng Hospital





Mardi 5 et mercredi 6 mars, nous avons eu la chance de pouvoir visiter deux des quatre hôpitaux publics de Singapour, à savoir le National University Hospital (NUH) et le Tan Tock Seng Hospital. Ces deux hôpitaux utilisent l’Evidence Based Nursing (données probantes) en apportant des observations et en mettant en pratique les résultats obtenus.

Au NUH, nous avons été accueillis par trois « nurse educators » ou responsables de la formation (rôle qui semble similaire à celui de Praticiens Formateurs en Suisse) qui nous ont guidé au sein de l’établissement. Nous avons ainsi pu leur poser nos questions durant toute la visite.
Construit en 1995 sur le site du campus universitaire, le projet du NUH était de répondre à la demande croissante en soins de la population. En effet, Singapour rencontre les mêmes problématiques que la Suisse : le vieillissement de la population, la diminution de la natalité et l’apparition plus fréquente de maladies chroniques. Il compte actuellement 1000 lits et ne cesse de s’agrandir pour combler ces besoins en augmentation. Tous les services de soins sont représentés, à l’exception de la chirurgie plastique et du service des grands brûlés.

Le Tan Tock Seng Hospital, quant à lui, est localisé en plein centre ville, ce qui en fait un lieu stratégique pour les prises en charge d’urgence et en conséquence le premier lieu d’accueil de Singapour pour ces patients.
L’hôpital a été fondé en 1844 par Tan Tock Seng, un philantropiste chinois qui souhaitait faciliter l’accès aux soins pour les pauvres. Il compte actuellement 1515 lits et plus de 6000 collaborateurs. Leur rôle concernant la gestion des épidémies s’est fait connaître à la suite du virus SARS qui a ébranlé la ville-état en 2003. Ils ont ainsi développé leur stratégie concernant les maladies infectieuses et transmissibles. Pour illustrer cette expertise, l’accès aux patients pour les proches est limité (4 personnes maximum) et étroitement surveillé. Chaque visiteur doit s’enregistrer et se munir de son identifiant durant sa visite. Si le nombre de visiteurs est dépassé, le portail électronique restera fermé. L’infirmière a aussi un devoir de surveillance dans la gestion des visites. 

Chambre des Soins Intensifs
Centre pour les longs séjours (tout âge) 
Visite à l'hôpital avec des étudiantes japonaises

Le système politique/sanitaire de Singapour

Le dernier hôpital gouvernemental ayant fermé, il reste à Singapour deux sortes d’hôpitaux : les privés et les publics. Le système d’assurance maladie n’existe pas comme en Suisse. Les Singapouriens ont une déduction salariale mensuelle, qui s'appelle MediSafe, et qui couvre une partie de leurs éventuels besoins en santé. Durant une hospitalisation, l’état prend en charge une partie des frais (MediSafe), proportionnellement au salaire du patient. Les salaires les plus élevés paient de 80% à 100% du montant alors que les plus bas salaires paient de 0% à 20%. Les séjours hospitaliers sont divisés en trois classes : dans l’ordre de confort A, B et C. Les soins sont toutefois totalement identiques. Si le patient le désire, il peut également faire une demande pour changer de classe et paie de sa poche la différence. Les « tricheurs » démasqués doivent payer une taxe pour éviter toute dérive.

Nous avons pu visiter deux types de classes sur les trois existantes, à savoir la A et la C. Le confort de la chambre « A », particulièrement au NUH, nous a semblé se rapprocher des chambres des cliniques privées suisses : chambre à un lit, spacieuse, avec un canapé-lit pouvant accueillir un membre de la famille et de la moquette au sol. En ce qui concerne la classe C, les chambres comptent 6 à 9 lits séparés par des rideaux et n’ont pas d’air conditionné (élément qui nous a semblé indispensable à tout Singapourien qui se respecte !). Une infirmière est assignée dans chaque « cubical » et veille sur les patients depuis le bureau installé dans un des coins de la chambre. Cette organisation a suscité chez nous de vives réactions. En effet, n’interfère-t-elle pas avec la communication et l’esprit d’équipe que nous souhaiterions privilégier dans notre futur professionnel ? L’infirmière seule a-t-elle les mêmes réflexions dans la prise de décision que si elle peut se référer à ses collègues ? Quel est l’impact de cette disposition du service sur la qualité du soin et la sécurité du patient ?

Equipe interdisciplinaire

Comme nous l’avons cité précédemment, la collaboration interdisciplinaire est un concept clé dans le monde de la santé à Singapour. Elle se compose du médecin, du physiothérapeute, de l’ergothérapeute, du logopédiste, du diététicien, du pharmacien, de l’infirmier, de l’assistant infirmier et des aides-infirmiers. L’infirmier se situe à l’interface de ces différentes professions ; elle a un rôle pivot.

Suite à notre questionnement initial quant au rôle du pharmacien dans l’équipe interdisciplinaire, nous avons interrogé les équipes soignantes des hôpitaux visités. Dès lors, le pharmacien passe dans chaque service quotidiennement pour vérifier les médicaments et notamment les éventuelles interactions. Toutefois, l’infirmière étant celle qui délivre le traitement (dernier maillon de la chaîne), elle est toujours responsable de cet acte et doit donc rester attentive. La collaboration avec le pharmacien prend donc tout son sens.
De plus, afin de réduire les erreurs lors de l’administration de médicaments, le système informatique est très développé. En effet, chaque patient porte un bracelet d’identification muni d’un code barre. Le médecin est au début de la chaîne de distribution des traitements, c’est lui qui inscrit la prescription dans le système. Ensuite, le pharmacien contrôle l’ordre médical ainsi que les interactions médicamenteuses. Enfin, l’infirmière déverrouille le système afin de prendre le médicament dans l’armoire sécurisée par un code. Au lit du patient, elle vérifie une dernière fois le code barre inscrit sur le bracelet du patient à l’aide d’un petit appareil avant de lui remettre son traitement. Toutefois, ce système n'est pas parfait. Des erreurs d’administration peuvent survenir: erreurs dans la prescription ou dans la saisie de la part du médecin, problème informatique ou mauvais code d’identification entre autres.

Au début de notre séjour, nous nous étions également interrogés sur la collaboration interprofessionnelle, notamment entre l’infirmière et le physiothérapeute. Nous avons pu nous rendre compte qu’à l’instar de la Suisse, il existe un partenariat étroit entre les deux champs professionnels, au même titre qu’avec les autres membres de l’équipe déjà citées.

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