Mardi
5 et mercredi 6 mars, nous avons eu la chance de pouvoir visiter deux des
quatre hôpitaux publics de Singapour, à savoir le National University Hospital
(NUH) et le Tan Tock Seng Hospital. Ces deux hôpitaux utilisent l’Evidence Based Nursing (données probantes) en apportant des observations et en mettant en
pratique les résultats obtenus.
Au
NUH, nous avons été accueillis par trois « nurse educators » ou
responsables de la formation (rôle qui semble similaire à celui de Praticiens
Formateurs en Suisse) qui nous ont guidé au sein de l’établissement. Nous
avons ainsi pu leur poser nos questions durant toute la visite.
Construit
en 1995 sur le site du campus universitaire, le projet du NUH était de répondre
à la demande croissante en soins de la population. En effet, Singapour
rencontre les mêmes problématiques que la Suisse : le vieillissement de la
population, la diminution de la natalité et l’apparition plus fréquente de maladies chroniques. Il compte actuellement 1000 lits et ne cesse de s’agrandir
pour combler ces besoins en augmentation. Tous les services de soins sont
représentés, à l’exception de la chirurgie plastique et du service des grands
brûlés.
Le
Tan Tock Seng Hospital, quant à lui, est localisé en plein centre ville, ce qui
en fait un lieu stratégique pour les prises en charge d’urgence et en
conséquence le premier lieu d’accueil de Singapour pour ces patients.
L’hôpital
a été fondé en 1844 par Tan Tock Seng, un philantropiste chinois qui souhaitait
faciliter l’accès aux soins pour les pauvres. Il compte actuellement 1515 lits
et plus de 6000 collaborateurs. Leur rôle concernant la gestion des épidémies
s’est fait connaître à la suite du virus SARS qui a ébranlé la ville-état en
2003. Ils ont ainsi développé leur stratégie concernant les maladies
infectieuses et transmissibles. Pour illustrer cette expertise, l’accès aux
patients pour les proches est limité (4 personnes maximum) et étroitement
surveillé. Chaque visiteur doit s’enregistrer et se munir de son identifiant
durant sa visite. Si le nombre de visiteurs est dépassé, le portail
électronique restera fermé. L’infirmière a aussi un devoir de surveillance dans
la gestion des visites.
Chambre des Soins Intensifs |
Centre pour les longs séjours (tout âge) |
Visite à l'hôpital avec des étudiantes japonaises |
Le
système politique/sanitaire de Singapour
Le
dernier hôpital gouvernemental ayant fermé, il reste à Singapour deux sortes
d’hôpitaux : les privés et les publics. Le système d’assurance maladie
n’existe pas comme en Suisse. Les Singapouriens ont une déduction salariale mensuelle, qui s'appelle MediSafe, et qui couvre une partie de leurs éventuels besoins en santé. Durant une hospitalisation, l’état prend en
charge une partie des frais (MediSafe), proportionnellement au salaire du patient. Les
salaires les plus élevés paient de 80% à 100% du montant alors que les plus bas
salaires paient de 0% à 20%. Les séjours hospitaliers sont divisés en trois
classes : dans l’ordre de confort A, B et C. Les soins sont toutefois
totalement identiques. Si le patient le désire, il peut également faire une
demande pour changer de classe et paie de sa poche la différence. Les
« tricheurs » démasqués doivent payer une taxe pour éviter toute
dérive.
Nous
avons pu visiter deux types de classes sur les trois existantes, à savoir la A
et la C. Le confort de la chambre « A », particulièrement au NUH,
nous a semblé se rapprocher des chambres des cliniques privées suisses :
chambre à un lit, spacieuse, avec un canapé-lit pouvant accueillir un membre de
la famille et de la moquette au sol. En ce qui concerne la classe C, les
chambres comptent 6 à 9 lits séparés par des rideaux et n’ont pas d’air
conditionné (élément qui nous a semblé indispensable à tout Singapourien qui se
respecte !). Une infirmière est assignée dans chaque « cubical »
et veille sur les patients depuis le bureau installé dans un des coins de la
chambre. Cette organisation a suscité chez nous de vives réactions. En effet,
n’interfère-t-elle pas avec la communication et l’esprit d’équipe que nous
souhaiterions privilégier dans notre futur professionnel ? L’infirmière
seule a-t-elle les mêmes réflexions dans la prise de décision que si elle peut se
référer à ses collègues ? Quel est l’impact de cette disposition du service
sur la qualité du soin et la sécurité du patient ?
Equipe interdisciplinaire
Comme
nous l’avons cité précédemment, la collaboration interdisciplinaire est un
concept clé dans le monde de la santé à Singapour. Elle
se compose du médecin, du physiothérapeute, de l’ergothérapeute, du
logopédiste, du diététicien, du pharmacien, de l’infirmier, de
l’assistant infirmier et des aides-infirmiers. L’infirmier se situe à
l’interface de ces différentes professions ; elle a un rôle pivot.
Suite
à notre questionnement initial quant au rôle du pharmacien dans l’équipe
interdisciplinaire, nous avons interrogé les équipes soignantes des hôpitaux
visités. Dès lors, le pharmacien passe dans chaque service quotidiennement pour
vérifier les médicaments et notamment les éventuelles interactions. Toutefois,
l’infirmière étant celle qui délivre le traitement (dernier maillon de la
chaîne), elle est toujours responsable de cet acte et doit donc rester
attentive. La collaboration avec le pharmacien prend donc tout son sens.
De
plus, afin de réduire les erreurs lors de l’administration de médicaments, le système
informatique est très développé. En effet, chaque patient porte un bracelet
d’identification muni d’un code barre. Le médecin est au début de la chaîne de
distribution des traitements, c’est lui qui inscrit la prescription dans le
système. Ensuite, le pharmacien contrôle l’ordre médical ainsi que les
interactions médicamenteuses. Enfin, l’infirmière déverrouille le système afin de
prendre le médicament dans l’armoire sécurisée par un code. Au lit du patient,
elle vérifie une dernière fois le code barre inscrit sur le bracelet du patient
à l’aide d’un petit appareil avant de lui remettre son traitement. Toutefois, ce système n'est pas parfait. Des erreurs d’administration peuvent survenir: erreurs dans la prescription ou
dans la saisie de la part du médecin, problème informatique ou mauvais code d’identification entre autres.
Au
début de notre séjour, nous nous étions également interrogés sur la
collaboration interprofessionnelle, notamment entre l’infirmière et le
physiothérapeute. Nous avons pu nous rendre compte qu’à l’instar de la Suisse,
il existe un partenariat étroit entre les deux champs professionnels, au même
titre qu’avec les autres membres de l’équipe déjà citées.
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